SILA 2010
 
 
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José Saramago : un rebelle berbère. (1)  


Chaque livre du Nobel José Saramago aura été un festin. La mort, héroïne d’un de ses derniers romans « mort par intermittence », l’a rattrapé ce 18 juin 2010.
Toute sa vie il en a été ainsi : être là où plus personne de son envergure ne s’attarde ni ne souhaite être vu. En fait aussi, il faut aujourd’hui les compter, les intellectuels (occidentaux ou non) qui savent encore, dans ce déferlement inouï des contre-valeurs qui font la « norme » internationale, récolter et traduire les râles d’une humanité qui souffre. Toute sa vie , aux yeux des autres, aura porté cette sorte de dichotomie qui faisait de lui aussi bien le maitre de la parabole philosophique dans ses écrits que l’homme de gauche et de cœur intraitable sur les questions de l’égalité et de la justice de tous les jours.

Son horizon est strictement humain. Mais avec tout ce que cela suppose comme difficulté, en fait d’impossibilité à cerner, à fermer : L’humain est interminable. Partir à la recherche de « l’autre comme moi » - titre d’un de ses romans d’une profondeur vertigineuse : « Un aïeul berbère venu d’Afrique du Nord, un autre berger, une belle et merveilleuse grand-mère, des parents beaux et sérieux (…) Quelle autre généalogie pouvais-je souhaiter ? Dans quel meilleur arbre aurais-je pu me situer ? ».Voilà ce que disait J.Saramago lors de la remise de son Nobel à Stockholm. José Saramago ne se laissera pas entrainer dans le spécieux dilemme du choix entre «la justice et sa mère ». La mère n’a jamais été le mot pour signifier le contraire de la justice et la justice est du côté des opprimés. Point. Ainsi le verra-t-on combattre la dictature de Salazar et en payer le prix. Ainsi le verra-t-on soutenir les mouvements de libération en Afrique. Ainsi le verra-t-on, seul intellectuel occidental d’envergure mondiale, épouser la cause palestinienne. Icône vénérée de la péninsule Ibérique, voix majeure de tous les combats de l’Amérique Latine, José Saramago était loin d’être un révolté médiatique otage de ses best-sellers. Lui qui savait si bien, comme son compatriote Fernando Pessoa, peindre le moindre tressaillement de l’âme humaine, il était aussi prompt à retrousser ses manches et à occuper physiquement le terrain des luttes.

Zouaoui Benhamadi.
*DG de l’Agence   Nationale des Grands Projets de la Culture.
(1) Extrait d’un article paru sur le journal El Watan, le 5 octobre 2010.

José Samarago
Bibliographie sommaire
- Dieu manchot (Le)
- Année de la mort de Ricardo Reis (L')
- Radeau de pierre (Le)
- Quasi-objets
- Histoire du siège de Lisbonne
- Évangile selon Jésus-Christ (L')
- Aveuglement (L')
- Les poèmes possibles 
- Tous les noms
- Manuel de peinture et de calligraphie
- Conte de l’île inconnue (Le)
- Caverne (La)
- Pérégrinations portugaises
- L'autre comme moi
- La lucidité 
- Les intermittences de la mort
- Le voyage de l'éléphant
- Le cahier 
- L'aveuglement

Abdallah Cheriet   


Qui est Abdallah Cheriet ?


Il est et restera un des précurseurs du discours progressiste et rationaliste en Algérie, et un des fondateurs de l’université de l’Algérie indépendante. Mais il fut avant tout un grand journaliste formé par la Révolution algérienne, avec tout son rayonnement national, régional et international. Abdallah Cheriet est né à Meskana, wilaya d’Oum El-Bouaghi, dans l’Est algérien en 1921. Dès son jeune âge, il rejoint l’école coranique de son village, à l’instar de ses semblables, et entama ses études dans une école française à Meskana en 1927.

En 1932, il partit sur Tébessa, où il intégrera l’école des Ouléma, « Education des enfants », dirigée par Cheikh Larbi Tebessi, jusqu’à 1934. En 1938, il partit en Tunisie, où il poursuivra des études durant une année, avant de les  interrompre à cause de la deuxième guerre mondiale. Il reviendra à Constantine pour rejoindre certaines Medersa. A la fin de la guerre, en 1945, il retournera en Tunisie et terminera ses études à la Zitouna, et sortira avec un diplôme d’enseignant en 1946.

En 1947, il voyagea en Orient, via la France, avec un faux passeport, aidé par des députés algériens à Paris, dont notamment Mohamed Khider, représentant du MTLD à l’Assemblée nationale française, d’où il volera sur Damas, puis Beyrouth. Il entamera des études de philosophie à l’université syrienne, et obtiendra sa licence en 1951. La même année, il retournera en Algérie, mais, à cause du chômage, ne tardera pas à rejoindre la Tunisie, où il enseignera dans un institut des sciences modernes fraichement créé à la Zitouna.

En 1955, il rejoint la délégation politique du FLN, constituée après le déclenchement de la guerre. Il sera chargé de la traduction en langue arabe. Après la création des deux journaux  El-Mouqawama et El-Moudjahid, organes centraux du FLN, il sera chargé de rédiger les éditoriaux et les commentaires du jour, en plus de la traduction d’articles parus dans la presse internationale sur la révolution algérienne. Tâche qu’il assumera jusqu’à l’aube de l’Indépendance. En mois d’août de la même année, de retour au pays, Mohamed Khider, responsable du parti, fera appel à lui en le chargeant de l’information. Mais il sera vite écarté du parti, après le conflit entre Benbella et Khider, à cause de son amitié avec ce dernier.

Plus tard, il rejoint l’université d’Alger comme professeur de philosophie et y restera jusqu’à la fin de ses jours. Il a encadré des générations d’étudiants dans la préparation de leurs thèses de magister et de doctorat. Abdallah Cheriert est souvent présenté comme le modèle type de l’intellectuel organique, pour toutes les batailles intellectuelles qu’il aura suscitées, dans les médias, sur divers sujets liées à la question des langues, de l’histoire, de l’identité, de la culture et de l’idéologie.

Le Docteur Abdallah Cheriet a déjà été honoré par le président Houari Boumediène, à la fin des années soixante-dix, pour tous ses efforts dans les domaines de la pensée, de la recherche et de l’éducation. Le président Bouteflika lui rendra hommage, à l’occasion de la parution de son importante encyclopédie consacré à la place de la Révolution algérienne dans la presse internationale. Il décédera le 09 juillet 2010.

Le docteur Abdallah Cheriet a écrit de nombreux ouvrages dans divers domaines du savoir : en philosophie, littérature, sociologie, politique. Il en a publié seize :
L’Algérie dans le miroir de l’histoire, 1965 ; L’éthique chez Ibn Khaldûn ;

Dialogue idéologique sur la question sahraouie et la cause palestinienne, 1982 ; La pensée politique moderne et l’effort idéologique en Algérie, 1986 ;

Le problème idéologue en Algérie et les questions de développement, 1981 ; L’histoire de la culture au Machrek et au Maghreb, 1983 ;

La bataille des concepts, 1981 ; Les sources philosophiques de la pensée socialiste, 1976 ;

De la réalité de la culture algérienne, 1981 ; Réflexions sur la politique de l’enseignement et de l’arabisation ;

Textes choisis de la philosophie d’Ibn Khaldûn, 1984 ;  Dialogue idéologique avec Abdallah Laroui ;

Ethique occidentale en Algérie ; La Révolution algérienne vue par la presse internationale.



BENTOBBAL Slimane, dit Lakhdar ou Si Abdallah (1923-2010)


Dirigeant de la guerre de Libération nationale. Né à Mila au sein d’une famille modeste dont le père est un petit paysan, il adhère au Parti du Peuple Algérien pendant la Seconde Guerre mondiale et il est détaché à l’Organisation Spéciale (OS) dès que commence la structuration de l’organisation paramilitaire dans le Constantinois (1947-1948). Après le démantèlement de l’OS, en mars 1950, Bentobbal est recherché. Le Mouvement pour le Triomphe Libertés Démocratiques (MTLD), dénomination légale du PPA, l’affecte alors en Aurès où il mène une vie de maquisard avec d’autres rescapés du vaste coup de filet opéré par la police (Abdesselam Habachi, Rabah Bitat, Amar Benaouda notamment). C’est là qu’il fait la connaissance de Mostefa Ben Boulaïd, Bachir Chihani et Adjel Adjoul, futurs chefs de la révolution dans cette région. A l’appel de Mohamed Boudiaf, il se retrouve au sein du groupe des Vingt-deux. Au déclenchement du 1er novembre 1954, il est responsable de la zone de combat englobant Jijel, Chekfa, Taher, El-Milia jusqu’à Constantine. L’un des artisans, avec Zighoud, de l’insurrection du 20 août 1955, il fait partie de la délégation du Nord Constantinois au congrès de la Soummam que dirige Youcef Zighoud. Il est désigné membre suppléant du Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA) et, en septembre 1956, il remplace Zighoud, tué au combat. Le colonel de la Wilaya II quitte l’Algérie en compagnie de Krim et de Ben Khedda (membres du CCE) qui, en avril 1957, transitent par sa wilaya pour se rendre à Tunis. En août 1957, il fait partie du deuxième Comité de Coordination et d’Exécution (CCE) et contribue à l’élimination des «centralistes» Ben Khedda et Dahlab de cette instance. Chargé du département de l’intérieur (autrement dit, l’organisation des fédérations FLN de France, de Tunisie et du Maroc), il conserve cette responsabilité au sein du premier Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (septembre 1958-juillet 1959) et du deuxième (janvier 1960-août 1961). Dans le troisième GPRA, présidé par Benyoucef Ben Khedda, il devient ministre d’Etat sans portefeuille. Bentobbal est membre de la délégation du GPRA qui négocie avec les Français, aux Rousses (11-19 février 1962) et à Evian II. Arrêté puis libéré à Constantine peu après l’indépendance (dans le conflit de l’été 1962), il n’occupe plus de fonction politique par la suite. Après 1965, il est PDG de la Société nationale de sidérurgie puis à partir du 15 janvier 1972 président du Conseil d’administration de l’Union arabe du fer et de l’acier (UAFA), organisme interarabe basé à Alger. Ce novembriste convaincu, déterminé et lucide au prestigieux parcours révolutionnaire rédige ses Mémoires au début des années 1980, en collaboration avec un éminent historien, mais ne voulait les publier qu’à titre posthume. Ceux qui  l’ont connu et côtoyé de près relèvent sa « grandeur d’esprit, sa rigueur, sa sagesse, son bon sens ». Celui que l’on appelle « Le Chinois », à cause de son physique,  mourut le 22 août 2010 à l'âge de 87 ans.

(Source : Achour Cheurfi.- La classe politique algérienne, de 1900 à nos jours, Casbah Editions, 2001).
BENTOBBAL Slimane
   
Tahar Ouatar :


Le cheikh du roman algérien Tahar Ouatar par lui-même

L’esprit de tonton Tahar continue à battre au vent,
les mots qu’il a laissé échapper ont filé en tous sens.

Ecrivain considérable, Tahar Ouatar – ou tonton Tahar (‘ammi Tahar) pour les intimes – est une figure à la fois multiple et polémique dans le paysage culturel algérien. Citoyen comme tout le monde, toujours à l’écoute du pouls de la société algérienne, militant, homme de lettres talentueux, sincère et brillant, aussi bien dans l’art de la nouvelle et du roman, que dans ceux du théâtre et de l’essai. Un peu poète à ses heures. C’est cet éclectisme qui a permis à l’homme d’épouser le devenir de notre société, aussi bien quand elle triomphait que quand – chaotique – elle ne savait plus trop quelle direction prendre. Les travaux de Ouatar ont souvent eu ceci de particulier qu’ils venaient répondre à l’impérieux appel lancé par « l’esprit d’un peuple » qui a connu des périodes de gestation douloureuses. La guerre de libération et ses drames intérieurs, les difficiles choix politiques et idéologiques du pouvoir dans la toute nouvelle Algérie indépendante, le combat des intellectuels, l’islamisme et les problématiques politiques et sociales qu’il a impliqué, le retour aux sources culturelles de la société algérienne… autant de sujets que tonton Tahar a su aborder avec l’intransigeance de l’intellectuel critique et l’élégance de l’artiste. Son œuvre retrace notre histoire.

Sur le front social et culturel, il s’est battu pour que la société civile jouisse d’une certaine forme de souveraineté, et en particulier pour que l’intellectuel algérien ait son mot à dire, qu’il dispose d’un espace d’expression public pour faire entendre son opinion et ses prises de position, librement, fièrement, à tout propos. Un espace où les différentes tendances d’opinion se croiseraient, attentives les unes aux autres, respectueuses. C’est à un tel travail qu’il s’est attelé au sein de l’association al-Jâhiddiya qu’il a présidé de 1989 (année où l’association est créée) jusqu’au jour de sa mort, le 12/08/2010.  « L’opinion ne s’impose pas » – la devise d’al-Jâhiddiya – résumait sans doute suffisamment les convictions de Tahar Ouatar pour qu’il l’accompagne dès le début (et Dieu sait comme les premiers pas sont maladroits !) et jusqu’au moment où les projets devenaient ambitieux et les réussites éclatantes.

Tonton Tahar était un créateur au sens plein, quelqu’un qui faisait exister les choses, qui était capable d’initiatives à la fois inouïes et fidèles à la tradition : qui d’autre aurait pu avoir l’idée de créer la Radio du noble Coran au début des années 1990 ? Qui d’autre aurait pu créer des prix littéraires comme le prix Moufdi Zakariyya (en poésie) ou le prix al-Hachemi Saïdâni (pour le roman) ? Pour notre part nous estimons que de telles entreprises s’inscrivent dans la droite ligne de « la représentation de l’esprit national et l’expression de son essence », pour reprendre ses propres termes.

Nous ne pensons pas exagérer en mettant notre cher tonton Tahar au niveau de ces voix uniques qui constituent la littérature arabe et mondiale : Tayeb Saleh, Abd ar-Rahman Mounif, Naguib Mahfouz, Neruda, Marquez… Ces noms qui étincellent dans le ciel de leur histoire nationale propre mais aussi au firmament de l’histoire culturelle universelle.

Mohamed Abd al-Karim Ouzaghla.
Tahar Ouatar
Abdelkader Djeghloul :  

Né en 1946, Abdelkader Djeghloul nous a quitté à l’âge de 64 ans alors qu’il venait depuis peu d’initier la réalisation d’un projet intellectuel qui lui tenait à cœur : la publication des œuvres complètes des grands auteurs algériens depuis l’antiquité et que lui-même était encore loin d’avoir donné toute la mesure des potentialités de sa pensée, enrichie dans la dernière période par l’exercice de responsabilités au plus haut niveau de l’Etat, expérience qui n’a pas manqué de lui fournir de riches éléments d’observation et d’analyse sur l’objet constant de ses préoccupations : la constitution et l’essor d’une élite intellectuelle nationale.

Philosophe de formation, Kader Djeghloul a très vite défini sa place dans le champ intellectuel algérien, celle d’un théoricien et d’un éclaireur, d’un acteur et d’un animateur dont tous les écrits et les actes étaient tendus vers un objectif : faire exister un ou plusieurs pôles de condensation d’une intelligentsia algérienne. Dans cette démarche, qu’il mena à la fois à travers ses écrits universitaires et journalistiques, comme éditeur de livres et préfacier, mais aussi sur le terrain de l’animation, au CRIDSSH notamment, deux exigences s’imposaient : se forger une mémoire des auteurs passés afin de pouvoir se situer dans une généalogie intellectuelle, mais aussi s’approprier par la pensée le contenu de leur œuvre en lui conférant une signification nationale pour nous aujourd’hui. Tel est le sens à donner à ses études (sociologiques, historiques et de critique littéraire) portant de façon délibérée sur des penseurs comme, entre autres, Ibn Khaldoun, Hamdan Khodja, l’Emir Abdelkader, l’Emir Khaled, Mhamed Ben Rahal, Cheikh Tfiyach, Frantz Fanon et aussi sur des romanciers, poètes et dramaturges algériens comme Choukri Khodja, Allalou, Kateb Yacine, Malek Haddad, Tahar Djaout, etc. De ce point de vue, son action a incontestablement porté ses fruits  et des générations d’étudiants lui sont reconnaissantes de les avoir aidées à inscrire leur réflexion dans la perspective nationale qu’il traçait. Parmi sa génération intellectuelle, celle des années soixante, Kader Djeghloul a occupé une place éminente et emblématique. Peut-être a-t-il été celui qui est allé le plus loin dans la démarche qui visait, comme il l’a lui-même dit, à « donner des neurones à l’Etat ».

Itinéraire :

- Lycée Pasteur à Oran ;
- Licence et DES de Philosophie à Alger ; élève de l’ENS
  d’Alger ;
- Doctorat de 3° cycle sur  Frantz Fanon  à l’Université de Paris
  V (1972) ;
- Enseignant de Sociologie à l’Université de La Sénia à Oran à
  partir de 1970;
- Directeur du CRIDSSH à Oran (1980-1985);
- Directeur de Rédaction de l’hebdo. « Actualité de l’Emigration »
  à Paris (1985-1988) :
- Conseiller à la Présidence de la République (2005-2010).


Ecrits principaux (parmi un très grand nombre d’articles et préfaces) :


-
Trois études sur Ibn Khaldoun (1984) :
- Eléments d’Histoire culturelle algérienne (1984) :
- Huit études sur l’Algérie (1986) :
- Histoire, culture et société (avec Mostefa Lacheraf) (1986) :
- Lettres pour l’Algérie (2001).
Abdelkader Djeghloul
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